Pour beaucoup en Afrique et presque partout dans le monde, avoir la peau claire reste un canon de beauté. Par complexe, les hommes mais surtout les femmes noirs ou métisses s’adonnent à la dépigmentation malgré les nombreux risques que cette pratique comportent pour la santé. Complexe racial La dépigmentation en Afrique noire est de plus en plus fréquente. Ambi ou kwandza au Gabon, Xessal au Sénégal, Tcha-tcho au Mali, , Akonti au Togo, Dorot au Niger, Maquillage au Congo ou encore Djanssan au Cameroun etc… Des appellations qui en disent long sur un mal. L’éclaircissement de la peau connaît un essor inquiétant sur le continent. Une pratique ancrée dans les mentalités depuis le XVIIe siècle avec la colonisation. En ce temps, la peau noire était perçue comme une malédiction. Dans le but de les dominer, les colons ont inculqué aux noirs le complexe de la peau claire. Cette idée reçue est la cause du phénomène. De graves risques pour la santé Pour entrer dans les canons de beauté des occidentaux, certaines femmes ont recours à des produits dangereux. L’eau de javel est mélangée à des laits de corps pour accélérer le processus. L’hydroquinone et ses dérivés sous forme de lait, crème, savon sont aussi très prisés. Alors que la dose pour un usage médical ne doit pas dépasser 2%, certains produits contiennent jusqu’à 22% d’hydroquinone. D’autres personnes se font des injections, imitant ainsi Michael Jackson. Les zones difficiles à éclaircir (le coude, les mains, les jointures des pieds et des mains, le cou, le dos) nécessitent des produits plus agressifs comme l’eau oxygénée. Des produits servant, en médecine, à traiter des cas graves d’allergies ou des chocs hémorragiques sont abusivement utilisés pour leurs fonctions éclaircissantes. Ces méthodes radicales ont des conséquences graves pour la santé. Les acnés, les brûlures, les mycoses et les eczémas ne sont que de simples problèmes comparés aux cancers de la peau. Certaines victimes souffrent de cicatrisations difficiles et voient leur peau décliner en plusieurs teintes au gré des agressions solaires. Une peau fragile qui rend difficile une intervention chirurgicale en cas de problème de santé. En outre, les produits utilisés peuvent causer hypertension, diabète, problèmes osseux et même cécité. Prunella nous raconte sa mésaventure: «Je suis diabétique et je m’éclaircissais la peau. Je ne croyais pas que les produits que j’utilisais avaient une conséquence sur ma maladie. J’en abusais pour être la plus claire du quartier. Un jour, je me suis blessée à la jambe. On a dû m’amputer parce que ma peau ne pouvait pas se cicatriser. Cela a été une épreuve dure mais je me dis que je l’ai bien cherchée, car je n’ai pas écouté les conseils des médecins ». Beaucoup de femmes gabonaises dépensent une fortune pour ces produits dont le prix ne cesse de grimper. Mistourath, une jeune ménagère d’origine béninoise se dépigmente la peau. Elle avoue dépenser près de 35.000 francs CFA par mois pour s’acheter ces produits en provenance des Etats-Unis. D’autres font des mélanges aussi chers que dangereux pour avoir un teint clair en peu de temps. Layla, une immigrée malienne déclare s’éclaircir la peau pour rivaliser avec sa coépouse qui a un teint plus clair. «Mon mari a épousé une femme peule, plus claire que moi. Je me dépigmente pour qu’il sache qu’elle n’a pas le monopole de la beauté », assure-t-elle. Question de goût Une catégorie de jeunes Africains préfèrent se tourner vers les femmes qui ont su préserver leur teint naturel. Frédéric , un jeune étudiant gabonais, trouve que les femmes qui s’éclaircissent la peau dégagent des odeurs nauséabondes. « J’avais une copine qui faisait le kwandza. Elle avait une drôle d’odeur à cause des produits qu’elle utilisait. C’était la cause de notre rupture», témoigne-t-il. James, un journaliste gabonais, n’en pense pas moins. Pour lui, il est hors de question que sa femme s’adonne à cette pratique. Si certains hommes s’opposent littéralement à la dépigmentation, d’autres pensent que c’est un critère de beauté. Graziella, étudiante gabonaise nous donne son point de vue sur la question « Comme vous le voyez, je suis noire mais ce n’est pas toujours facile. On entend facilement les hommes clamer leur préférence pour les femmes “Jaunes bananes”. Si tu marches avec une fille claire, tu pourras constater que toute l’attention est portée sur elle. Malgré tout cela, je suis bien décider à rester noire, je ne me vois pas autrement. Ma couleur, mon histoire, mes origines… » La dépigmentation est un choix. Les conséquences sont très nuisibles à long termes. Pour certains, elle marque la perte des valeurs, de l’identité et de la dignité ”Noire”. Selon Amadou Tidiane Wone, la dépigmentation est une auto-insulte et une injure à la race noire. MENGUE]]>
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