La prostitution intègre l’économie nocturne au Gabon. Le sexe est un marché illicite vaste et surtout lucratif dont personne ne veut en parler, car les mœurs africaines ne sont pas compatibles avec ce phénomène grandissant dans nos villes. Il n’est pas rare de se promener la nuit dans la capitale gabonaise et de rencontrer des prostituées ou professionnelles du sexe. Opératrices dans ce secteur d’activité, elles vacillent dans les rues de la capitale, exerçant en toute quiétude leur métier, le plus vieux au monde. L’activité est plus intense la nuit et se déroule dans plusieurs quartiers de la capitale. Au début, ce sont les Africaines avec leur rondeur qui monopolisaient le marché, mais depuis quelques années, les Asiatiques sont arrivées et la concurrence a explosé dans les quartiers comme Louis, Nkembo, Gare routière, Lalala à gauche, Carrefour IAI, et plusieurs autres encore. Situé dans le premier arrondissement de la ville de Libreville, le quartier Louis abrite de nombreux hôtels, restaurants, boîtes de nuits à forte fréquentation. « L’on y rencontre des professionnelles de bas de gamme, mais surtout des prostituées de luxe. C’est le quartier général du commerce du sexe », renseigne un habitant. Habillées en tenues provocantes, elles prennent d’assaut les rues, dès la tombée de la nuit, à la recherche de potentiels clients en quête de plaisir et de sensations fortes. Dans un documentaire publié par la chaine Gabon24, on peut suivre une conversation cocasse et les techniques d’approche. Une fille de joie aborde un client et demande : « Je t’accompagne en chambre et tu me donnes seulement 15.000 Fcfa ; je te fais ça bien, très bien même au point où tu vas me rappeler la prochaine fois. ». Parfois elles se proposent en partouze moyennant le double de la somme demandée, donc 30.000fcfa : « Tu nous donnes 30.000 FCFA et tu nous prends à deux », propose une vendeuse de sexe. Une ancienne fille de joie explique qu’en une soirée, elle pouvait se retrouver avec plus de 100.000 fcfa en faisant le « Tchouktchouk », un mot familier qui exprime l’acte sexuel. Donc en fin de soirée, elle pouvait coucher en moyenne avec dix clients. Le quartier Louis n’est pas le seul concerné par cette activité nocturne très prisée par les adeptes de sexe « rapide et bien fait ». Il y a entre autres le quartier Nkembo, précisément dans les hauteurs de la fameuse rue de la joie, fief de la Camerounaise. Ici le sexe se paie à 5000 FCFA, alors qu’au quartier Atsibi-Tchoss, toujours dans le 2e arrondissement de Libreville, on peut « aller au ciel » avec un prix dérisoire de 2000 Fcfa. On parle même de 500 Francs dans certains quartiers du fait de la crise économique. Depuis que la crise économique sévit dans le pays, les potentiels clients deviennent de plus en rares. L’activité est au ralenti car il n’y a plus d’argent à gaspiller pour acheter du plaisir. Du coup, plusieurs prostituées abandonnent le chemin de la nuit pour se consacrer aux activités génératrices de revenus. Quitter ce monde pervers de la prostitution vecteur de maladies est le seul moyen pour certaines de se redonner une place au sein de la société. Henriette, séropositive s’est reconvertie dans le commerce des habits, une activité qui l’aide à oublier les turpitudes des trottoirs. Comme Henriette, plusieurs filles de joie sortent des trottoirs déjà contaminées par les MST pour les plus chanceuses, et le VIH pour les moins infortunées. Maladies, drogues, bagarres, violence font partie du quotidien des prostituées. « Tout n’est pas rose dans notre milieu », confie une professionnelle du sexe. Souvent considérée comme atteinte aux bonnes mœurs, la prostitution se justifie notamment par des arguments économiques : « On le fait pour vivre et subvenir à nos besoins. Nous ne faisons du mal à personne, au contraire nous redonnons du sourire à ceux qui cherche le plaisir, la tendresse. Mais tout cela à un prix », confie une professionnelle du sexe. D’autres femmes moins courageuses, pratiquent une prostitution silencieuse. Elles ne sont pas dans les rues, mais elles gèrent plusieurs hommes dans le but de multiplier les gains : « Je ne peux pas me contenter d’un seul homme. J’ai besoin d’argent. Il n’y a plus de place pour l’amour. L’argent est ma priorité, le reste ne compte pas.» La Socio-politologue Dr. Mindze Abessolo Chantal, spécialiste des questions de Genre explique évidemment qu’au Gabon s’entremêlent plusieurs types de prostitutions : « Les filles de rue ou de joie ont un pignon à des endroits bien spécifiques dans l’espace public gabonais. Mais il y a également ce qu’on appelle la prostitution d’abattage, c’est-à-dire dans les endroits de bon passage. Donc le phénomène est aussi bien visible qu’invisible, car il faut le signifier, le phénomène de cool girls et des escortes existe aussi chez nous. Sans oublier la prostitution estudiantine, plus malheureux encore enfantine. Ce phénomène existe aussi dans les salons de massage fréquentés par les hommes généralement. Il faudrait qu’on en parle car cette question est encore tabou dans notre société ». Afin de juguler ce phénomène, l’Etat avait décidé de condamner certaines prostituées pour outrage public à la pudeur. Mais la loi n’interdit pas cette activité, responsable en grande partie de la propagation exponentielle du VIH et des maladies sexuellement transmissibles. Les textes sacrées des grands courants religieux interdisent formellement le commerce du sexe, le corps humain étend considéré comme le temple de Dieu. Marielle ILAMBOUANDZI]]>
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