Une mesure spectaculaire avant la tenue du dialogue national décidé par le président Obiang, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 38 ans. Selon un décret lu à la télévision publique mercredi 4 juillet au soir par le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, à la tête du petit pays pétrolier depuis 1979 – tous les opposants condamnés ou interdits d’activités sont concernés. « J’accorde l’amnistie totale à tous les citoyens condamnés par les tribunaux […] pour des délits politiques dans l’exercice de leur activité, purgeant ou non leur peine », stipule le décret présidentiel, en précisant que l’amnistie concerne également toute personne « privée de liberté ou empêchée d’exercer son droit politique dans le pays ». Il s’agira du sixième dialogue organisé sous la présidence d’Obiang Nguema. Coup de bluff ou réelle ouverture ? Cette mesure spectaculaire dans ce pays dirigé d’une main de fer par le président Obiang, 76 ans, survient à moins de deux semaines d’un « dialogue national » qu’il a lui-même convoqué. Le décret présidentiel précise que ce dialogue, annoncé en juin, se tiendra « du 16 au 21 juillet ». L’amnistie « doit permettre une large participation de tous les acteurs politiques » à ce dialogue « entre le gouvernement et les partis politiques légalisés, acteurs politiques de l’intérieur et de la diaspora, société civile et confessions religieuses », selon le président. Il s’engage à garantir « liberté » et « sécurité » à tous les participants à ce dialogue auquel doivent également assister, en tant qu’observateurs, des représentants de la communauté internationale, dont François Lounceny Fall, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale (Onuca). La communauté internationale en appui L’amnistie était l’une des principales conditions posées par l’opposition de l’intérieur et de la diaspora pour prendre part à ce dialogue national. Cinq partis et mouvements politiques d’opposition en exil se sont déclarés mardi prêts à y participer. « Rien n’empêcherait la présence » de l’opposition en exil au dialogue s’il se tenait « en dehors de la Guinée équatoriale [en Espagne, terre mère commune, par exemple] ou en Guinée équatoriale, mais avec le soutien, l’aide, la protection et la sécurité de la communauté internationale », ont indiqué ces cinq partis dans un communiqué. Jusqu’alors, les dirigeants du principal parti d’opposition équato-guinéen, Citoyens pour l’innovation (CI), ont affirmé ne pas avoir été conviés au dialogue national. CI a été dissous fin février en raison de la « menace qu’il constitue pour la sûreté de l’État », à la suite de la condamnation de 21 militants à plus de trente ans de prison pour « sédition, désordre public, atteintes à l’autorité et blessures graves ». Il réclame l’annulation de sa dissolution depuis. Toutefois, « l’amnistie totale » décrétée par Teodoro Obiang Nguema devrait théoriquement permettre la libération des prisonniers membres de ce parti qui avait été légalisé en 2014 à l’issue d’un précédent dialogue national de moindre envergure que celui qui doit avoir lieu prochainement. CI dénonce régulièrement les exactions dont sont victimes ses militants emprisonnés. Mardi soir, il a affirmé que l’un d’eux était mort récemment en prison à Evinayong (Centre) des suites de « tortures » en début de semaine. Les autorités militaires et le directeur de la prison d’Evinayong ont refusé que le prisonnier reçoive des soins, selon ce parti d’opposition. En février, l’Union européenne s’était inquiétée de la « forte détérioration de la situation des droits de l’homme » en Guinée équatoriale, petit pays pétrolier d’Afrique centrale. RAMA avec le Point Afrique]]>
Guinée équatoriale : amnistie pour tous les prisonniers politiques
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