La récente opération de déguerpissement qui a frappé les habitants de Plaine Orety, plongeant de nombreuses familles dans le désarroi, soulève une vague d’indignation et de questionnements. Au cœur de cette tempête, l’apparition de l’opposant politique Alain-Claude Bilie-By-Nze, désormais figure de proue de la contestation contre ces démolitions, interpelle. Pour beaucoup d’observateurs avertis et de victimes des déguerpissements passés, sa présence sur le terrain relève d’une tentative flagrante de récupération politique, voire d’une amnésie sélective pour le moins troublante.
Il y a à peine quelques années, Bilie-By-Nze, alors en position de «haut responsable au sein de l’administration», a été un acteur central, et souvent vocal, des opérations de démolition massives qui ont balayé plusieurs quartiers périphériques de Libreville. Quand à son époque ils ont cassé Angondjé en 2010, ont-ils relogé ? Quand a son époque Glass a été cassé en 2012, ont-ils relogé ?Des quartiers ont vu leurs populations être délogées sans ménagement, souvent avec un préavis insuffisant et des solutions de relogement lacunaires, voire inexistantes. Les images de bulldozers réduisant en poussière des années de travail et de souvenirs sont encore vives dans la mémoire collective des Librevillois.Aujourd’hui, celui qui a jadis défendu la nécessité de ces opérations au nom de «l’aménagement urbain,la salubrité publique, la régularisation foncière» se drape des habits de défenseur des populations spoliées.
Une volte-face qui laisse perplexe. Comment expliquer ce revirement ? S’agit-il d’une prise de conscience tardive des affres du déguerpissement forcé, ou plus prosaïquement, d’une opportunité politique de capitaliser sur la détresse d’autrui pour renforcer son assise électorale en vue des échéances futures ?Les habitants de Plaine Orety, bien que saluant toute forme de soutien, ne sont pas dupes. Certains, rencontrés sur place, ont exprimé leur lassitude face à ces jeux politiques. « Où était-il quand nos voisins d’à côté ont été chassés de leurs maisons il y a cinq ans ? », s’interroge amèrement Madame Adja, dont la maison a été détruite à Plaine Orety. «C’est facile de venir pleurer avec nous maintenant que l’on est dans l’opposition. Mais nous n’oublions pas qui était aux commandes quand des milliers de personnes ont été jetées à la rue.»
Cette tentative de récupération politique met en lumière une facette préoccupante du paysage politique gabonais : la propension de certains acteurs à instrumentaliser les souffrances des populations pour des gains électoraux immédiats, au détriment d’une véritable cohérence et d’un engagement durable. La question du logement et de l’accès à la propriété reste une préoccupation majeure pour les Gabonais.
La Rédaction
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