Dans l’attente des conclusions de l’enquête menée par l’Inspection Générale des Forces de Police Nationale, la famille du jeune homme surnommé « Mignon » par ses proches, a saisi le tribunal de première instance de Port-Gentil pour déposer une plainte contre le Centre Hospitalier Régional (CHR) de la ville économique du Gabon, en plus de celle déjà posée contre la Police Judiciaire. Les parents du défunt accusent l’hôpital de Ntchengué de « négligence » et « demandent justice » en conséquence.
Pour justifier la démarche de la famille, madame Emma Nadège Maroundou épouse Aworet, la tante du défunt, explique : « À notre arrivée à l’hôpital, j’ai précisé qu’il s’agissait d’une urgence, que mon neveu avait reçu un projectile par arme à feu. Ils nous ont dirigé vers le service de petite chirurgie. Là-bas, il a été déshabillé. Les infirmières lui ont juste fait un pansement avec du dakin et de la bétadine. J’ai précisé qu’il s’agissait d’une blessure par balle. Elles ont répondu que c’était la procédure : on commence par la petite chirurgie. Après avoir rédigé une ordonnance, nous avons acheté les médicaments. Il a été admis en petite chirurgie à 16h et est sorti vers 19h pour être transféré au bloc opératoire. Mais apparemment, durant tout ce temps, rien n’a été fait. En observant la blessure, c’était identique. Elles n’ont même pas essayé de l’ouvrir. La dame a insinué que la balle était profondément logée et que seul le bloc opératoire pouvait intervenir. Nous ignorons ce qui s’est passé au bloc. Seuls la police et les médecins avaient accès. Ce n’est qu’après 21h que nous avons été informés de son décès. Ensuite, nous avons été autorisés à entrer dans la salle. Nous avons constaté que la blessure était inchangée, le même pansement était en place. Aucune trace d’ouverture qui aurait laissé supposer qu’il y avait eu une tentative d’extraction de la balle. Et même lorsqu’il est décédé, on ne nous l’a pas annoncé immédiatement. »
Elle ajoute : « Le médecin nous a dit qu’il ne pouvait pas opérer car il saignait trop. Je ne pense même pas qu’une transfusion sanguine ait été pratiquée. Ils faisaient semblant de s’occuper de lui, seulement pour nous faire patienter. Aucun médecin n’était pressé ou préoccupé alors qu’il y avait un patient en détresse. La seule perfusion administrée était composée de glucose, placée en petite chirurgie. Au bloc opératoire, les médecins plaisantaient. Je me suis même demandé si ces personnes s’occupaient réellement de mon neveu. »Ainsi, cette compatriote déplore vivement la négligence dont a été victime son neveu.
« Une personne qui arrive en urgence à l’hôpital avec deux projectiles dans le corps devrait être immédiatement prise en charge et conduite directement au bloc opératoire. Nous ne comprenons pas pourquoi il a été dirigé vers la petite chirurgie. Ce service est destiné aux plaies légères. C’est choquant et désolant pour une grande structure comme l’hôpital de Ntchengué. »Pour la tante du défunt, ailleurs, et même « dans les films, on voit que les grands criminels sont immédiatement pris en charge à l’hôpital. On ne néglige pas une personne en détresse, peu importe son identité. »Face à ces évènements, la famille de « Mignon » appelle à l’intervention des plus hautes autorités pour qu’il y ait un changement dans « cette manière de procéder ».
Commentaires