Le discours populaire au Gabon réclame la dignité nationale, mais refuse d’en accepter le prix et les moyens. Il est temps de dénoncer l’illusion dangereuse d’un État-providence sans contribution fiscale. La dignité, dans un État moderne, n’est pas un slogan; elle est financée par des ressources financières considérables, que seul un État capable de collecter l’impôt peut mobiliser.Prendre la France comme modèle d’État social tout en rejetant l’élargissement de l’assiette fiscale est une contradiction fondamentale.
En France, le RSA, l’assurance maladie, et toutes les aides sociales sont financés par des impôts, des cotisations et des taxes. Rien n’est gratuit. Chaque droit repose sur une contribution préalable.Au Gabon, on exige des hôpitaux performants et des soins gratuits, tout en s’opposant à l’intégration des commerçants, des artisans et du secteur informel dans l’effort contributif. Avec seulement 400 000 fonctionnaires cotisants réguliers pour environ 2,5 millions d’habitants, ce modèle est insoutenable. Exiger le luxe social sans accepter l’effort collectif révèle une crise de mentalité.Le pays sort de quatorze années de mauvaise gestion. Attendre que toutes les plaies soient pansées en seulement deux ans de transition est de la naïveté ou de la mauvaise foi.
Le Bénin, souvent cité en exemple, a eu besoin de près de dix ans de réformes impopulaires pour atteindre des changements structurels. En deux ans, le Gabon a accompli d’importants pas institutionnels (référendum, nouvelle Constitution, élections), ce qui mérite une reconnaissance lucide.La dignité nationale ne sera pas acquise par les réseaux sociaux ou l’insulte. Elle s’obtiendra par le travail, la contribution et un changement profond de mentalité. Tant que les Gabonais voudront « tout, sans rien donner » et refuseront l’effort collectif, le pays avancera, mais pas dans le sens de la dignité tant réclamée. L’État de droit ne dépend pas de l’arbitraire du Président, mais de la justice, des preuves et de la procédure. Le vrai drame reste l’absence de dénonciation et la complicité silencieuse face à la corruption.


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