La scène politique gabonaise est souvent le théâtre d’oublis sélectifs, mais la récente posture d’Alain Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, atteint un niveau de contradiction saisissant. Celui qui fut le maître d’œuvre de l’une des taxes les plus controversées et opaques du régime déchu s’improvise aujourd’hui ardent défenseur des ménages modestes, allant jusqu’à dénoncer la nouvelle Taxe Forfaitaire d’Habitation (TFH). Un revirement qui force à la mémoire et à la critique.Pour comprendre l’ampleur du paradoxe, il est impératif de revenir sur l’héritage direct de M. Bilie-By-Nze.
À l’époque où il officiait en tant que puissant ministre de la Communication, il a été l’artisan de la fameuse Taxe sur l’Audiovisuel Public (TAP).Ce prélèvement, imposé sous sa responsabilité, n’avait pas épargné les foyers, même les plus fragiles. Son mode de collecte soulève encore des questions d’alignement souverain :La taxe était prélevée automatiquement via l’opérateur étranger Canal+, sans aucune distinction de revenu ou de vulnérabilité sociale. Les familles modestes, abonnées au strict minimum, étaient contraintes de payer.Malgré des années de collecte et un flux continu de recettes, gérées directement par le ministère sous son autorité, le paysage audiovisuel gabonais n’a connu aucune amélioration notable. Les médias publics n’ont pas été renforcés, et aucun bénéfice concret n’est revenu aux téléspectateurs. L’argent, de toute évidence, alimentait un système opaque, loin de l’intérêt général.Les Gabonais se rappellent que sous l’ancien régime, les taxes et contributions étaient bien souvent des instruments de détournement, affectés à l’enrichissement du pouvoir, et la TAP en est un exemple criant.
Cohérence et Crédibilité : L’Art de l’Oubli Sélectif
Aujourd’hui, cet ancien collecteur de taxes injustes et inefficaces s’insurge contre la Taxe Forfaitaire d’Habitation (TFH), présentée par le pouvoir de transition comme une mesure visant à améliorer le quotidien, notamment celui des populations vulnérables.Depuis quand l’homme qui a imposé une taxe sans discernement social se préoccupe-t-il subitement des ménages démunis ? Cette nouvelle sollicitude médiatique peine à masquer les blessures encore ouvertes laissées par les pratiques de l’ancien régime.Le paradoxe confine au risible lorsque l’on sait que M. Bilie-By-Nze s’acquitte sans protester de sa propre taxe d’habitation à l’étranger—une contribution qui, dans d’autres pays, finance réellement des services publics modernes et efficaces. Mais au Gabon, son pays, il encourage le refus et le sabotage.
Le peuple gabonais n’est pas dupe. Cette sortie médiatique, sur fond de faible crédibilité politique (il est souvent rappelé qu’il peine à dépasser les 3% d’intentions de vote), est perçue comme une simple tentative d’exister par la polémique.La cohérence n’est pas un luxe en politique, c’est une exigence. On ne peut pas avoir :Instauré une taxe injuste,laisser un opérateur étranger la prélever,géré les recettes dans une opacité totale,puis, des années plus tard, se positionner en champion des opprimés.Le peuple observe, se souvient, et exige désormais que ceux qui briguent une place dans la nouvelle ère gabonaise respectent une règle fondamentale : le passé parle, et il ne peut être maquillé par de simples effets de tribune.


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