La récente déclaration de Brice Mbika Djambou, Président de la Ligue Nationale de Football Professionnel (LINAFP), a jeté une lumière crue sur la réalité du football gabonais. Selon Djambou, « Le diagnostic que nous avons dressé aujourd’hui fait apparaître clairement que nous sommes dans un environnement où il y a une inadéquation entre le statut professionnel d’un club et l’environnement actuel dans lequel le club évolue, qui est amateur. Il y a énormément de lacunes. Tout ce qui a été arrêté, en termes de texte juridique qui a été mis en place, n’existe toujours pas. Aujourd’hui, il faut pas qu’on se cache. Le championnat n’est pas professionnel ».
Ces propos, tenus le 23/11/2025, soulèvent une question cruciale et persistante : Pourquoi l’État gabonais continue-t-il de débourser des centaines de millions de francs CFA pour un championnat qui, malgré son appellation de « professionnel », est officiellement relégué au rang d’amateur par ses propres dirigeants ?Depuis l’ambitieux projet de « professionnalisation » du championnat national, l’État a injecté des sommes colossales pour soutenir les clubs et la ligue. Ces financements visent théoriquement à :Subventionner les clubs pour couvrir les salaires des joueurs et du staff;Organiser les compétitions (logistique, arbitres, déplacements);Mettre en place des infrastructures et les textes réglementaires du professionnalisme (statut juridique des clubs, sécurité sociale pour les joueurs, etc.).Or, si le Président de la LINAFP lui-même admet que les textes et l’environnement sont inexistants ou amateurs, une grande partie de ces investissements publics semble s’évaporer sans atteindre l’objectif fixé.
L’argent de l’État sert-il uniquement à maintenir un semblant d’activité, plutôt qu’à bâtir une véritable économie sportive ?Un Investissement sans Retour ?La professionnalisation du football ne devrait pas être qu’une affaire de subventions publiques ; elle devrait entraîner une autonomie financière progressive des clubs, attirant des partenaires privés et générant des recettes (billetterie, droits TV, sponsoring).L’aveu de M. Mbika Djambou confirme que cette transition n’a jamais eu lieu. En l’absence de statut professionnel effectif, les clubs restent entièrement dépendants de la manne publique. Pour l’État, cela représente un gouffre financier :Absence de Visibilité Internationale : Un championnat non professionnel n’attire pas les recruteurs de haut niveau, limitant les transferts rémunérateurs pour les clubs.
Qualité de Jeu Stagnante : Le manque de rigueur et de moyens structurels freine la progression des joueurs et de l’équipe nationale.Détournement d’Objectif : L’argent public, destiné à la structuration, finit par combler les déficits opérationnels d’entités juridiquement et structurellement fragiles.Continuer à dépenser des centaines de millions sous le label d’un professionnalisme inexistant n’est plus tenable. C’est une question de bonne gouvernance financière et de respect du contribuable.Le diagnostic est posé. L’État doit maintenant répondre : S’agit-il de financer le sport pour le développement, ou de subventionner une illusion ?


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