Libreville, Gabon –
L’espace numérique gabonais, à l’image de nombreux autres dans le monde, est devenu un terrain fertile pour des comportements déviants qui menacent la cohésion sociale et la réputation des individus. Langage inapproprié, exhibitionnisme exacerbé et propagation virale de fausses nouvelles sont autant de fléaux qui gangrènent les réseaux sociaux au Gabon, soulevant une question pressante : est-il temps d’instaurer une police des réseaux sociaux ?
Le déferlement des comportements toxiques:
Chaque jour, des milliers de publications inondent les fils d’actualité des internautes gabonais, affichant un mélange préoccupant de vulgarité, d’agressions verbales et de mises en scène indécentes. Des injures gratuites aux menaces à peine voilées, le langage utilisé sur ces plateformes dépasse souvent les limites de la bienséance, créant un climat délétère où le respect et la courtoisie sont devenus rares.À cela s’ajoute l’exhibitionnisme numérique, où la quête effrénée de « likes » et de visibilité pousse certains à exposer leur vie privée de manière ostentatoire, voire à diffuser des contenus à caractère sexuel explicite. Cette dérive, particulièrement visible chez les jeunes, soulève des inquiétudes quant à la protection de la vie privée et à l’impact psychologique de cette course à la notoriété.
La menace insidieuse des Fake News:
Mais l’aspect le plus pernicieux de cette dérégulation est sans doute la prolifération des « Fake News ». Des informations erronées, parfois créées de toutes pièces, se propagent à une vitesse fulgurante, alimentant la rumeur, jetant le discrédit sur des personnalités publiques ou des institutions, et semant la discorde au sein de la population. Ces fausses nouvelles, souvent conçues pour manipuler l’opinion ou nuire, ont des conséquences tangibles sur la vie réelle, pouvant aller jusqu’à l’incitation à la haine ou aux troubles à l’ordre public.
L’impératif d’une régulation:
Face à ce constat alarmant, la question de l’encadrement des réseaux sociaux devient inévitable. Si la liberté d’expression est un droit fondamental, elle ne saurait être un permis pour diffamer, harceler ou désinformer. L’absence de régulation claire et d’une instance de contrôle dédiée expose le Gabon à des dérives dont les conséquences peuvent être désastreuses.L’idée d’une « police des réseaux sociaux », bien que potentiellement controversée en raison des craintes liées à la censure et à la restriction des libertés, est de plus en plus évoquée comme une solution pour assainir cet espace. Il ne s’agirait pas de museler la parole, mais plutôt de faire respecter les lois existantes en matière de diffamation, d’atteinte à la vie privée, d’incitation à la haine ou de diffusion de fausses informations.
Cette instance pourrait avoir pour missions de :
Sensibiliser les utilisateurs aux bonnes pratiques et aux risques liés à l’usage irresponsable des réseaux sociaux;Enquêter sur les signalements de contenus illicites et identifier les auteurs;Collaborer avec les plateformes pour le retrait des contenus problématiques et Poursuivre les contrevenants conformément à la législation gabonaise en vigueur.La mise en place d’un tel mécanisme nécessiterait une réflexion approfondie pour garantir l’équilibre entre la protection des citoyens et le respect des libertés fondamentales. Cependant, l’inaction n’est plus une option. L’urgence d’assainir l’espace numérique gabonais est une réalité que les autorités ne peuvent plus ignorer. Il en va de la paix sociale, de la réputation de chacun et de la crédibilité de l’information dans un monde de plus en plus connecté.
La Rédaction


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