Alors que le gouvernement gabonais avait annoncé avec vigueur le remboursement des frais d’écolage versés par les parents dans les établissements scolaires publics et privés, le processus semble aujourd’hui ralentir, provoquant inquiétude et mécontentement chez de nombreuses familles. À quelques mois de la fin de l’année scolaire, le retard dans le décaissement des fonds par l’État jette une ombre sur cette mesure pourtant saluée à son lancement.
Une initiative saluée mais fragilisée par la lenteur administrative:
Annoncée récemment par une note du ministère de l’Éducation nationale, la mesure visait à rembourser les frais d’écolage avancés par les parents dans le cadre d’un programme de renforcement de la gratuité de l’enseignement. Il s’agit d’une réponse à une préoccupation récurrente : la persistance de frais divers exigés dans certains établissements, en contradiction avec le principe de gratuité de l’enseignement primaire et secondaire.Dans les premiers jours suivant l’annonce, des milliers de familles s’étaient mobilisées pour soumettre leurs dossiers, munies des justificatifs de paiement et des documents requis. « C’est un espoir immense pour nous », confie Ondo, père de deux enfants scolarisés à Owendo. « On nous avait dit que le remboursement interviendrait rapidement, or, depuis, plusieurs établissements disent qu’ils n’ont pas encore perçu les ordres de virements ».
Des retards attribués à des contraintes budgétaires et à la lourdeur des procédures:
Interrogé sur les lenteurs du processus, un cadre du ministère de l’Éducation nationale, souhaitant garder l’anonymat, évoque des « retards liés à des ajustements budgétaires et à la vérification rigoureuse des dossiers pour éviter toute fraude ». Il précise que les premiers versements sont intervenus et que les autres suivront dans les prochains jours.Le ministère des Finances, de son côté, assure que les fonds sont disponibles, mais que leur mobilisation est soumise à un circuit de validation complexe impliquant plusieurs niveaux de contrôle.
« Il ne s’agit pas simplement de signer un chèque. Chaque dossier doit être validé, chaque somme vérifiée, afin d’éviter les irrégularités », indique une source au Trésor public.Des parents partagés entre compréhension et frustration:Malgré les explications officielles, l’impatience grandit chez les parents d’élèves. Dans certains établissements populaires de Libreville, des collectifs de parents d’élèves se forment pour exiger plus de transparence dans le traitement des dossiers. « Ce n’est pas une faveur qu’on nous fait, c’est un droit qui a été annoncé », fulmine Mme Mba, mère de trois enfants.Des établissements scolaires sont également impactés. Plusieurs responsables d’écoles privées affirment avoir dû suspendre certaines activités, dans l’attente de clarifications sur le remboursement.
Un test pour la politique de gratuité de l’enseignement:
Pour de nombreux observateurs, ce retard dans le remboursement constitue un test crucial pour la crédibilité de la politique gouvernementale en matière d’éducation. L’État gabonais, engagé dans une réforme ambitieuse visant à renforcer l’accès gratuit et équitable à l’éducation, doit démontrer sa capacité à honorer ses engagements.« C’est une excellente initiative sur le papier, mais sans une exécution efficace, elle risque de saper la confiance des citoyens », analyse le politologue. Il plaide pour une meilleure communication des autorités, mais aussi pour un mécanisme simplifié de remboursement, plus proche des réalités des familles.
Vers une sortie de crise ?
En réponse à la grogne croissante, le gouvernement a promis de publier dans les prochains jours un point d’étape sur le traitement des dossiers et les prochaines étapes du décaissement. Des cellules d’écoute ont également été mises en place dans certaines directions académiques pour recueillir les doléances des parents et surtout identifier les établissements qui ne procéderaient pas aux remboursements des frais aux parents.
Toutefois la certitude demeure palpable dans les foyers. À quelques semaines des examens de fin d’année, les parents espèrent un dénouement rapide qui permettrait d’alléger un tant soit peu la pression financière qui pèse sur eux.Car au-delà des chiffres et des procédures, c’est le quotidien de milliers de familles gabonaises qui reste suspendu à un engagement étatique encore partiellement tenu.
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