La question suscite de vives réactions dans l’opinion publique gabonaise : faut-il continuer à indemniser les occupants illégaux de terrains classés d’utilité publique depuis plusieurs décennies ? Le débat est relancé alors que plusieurs familles installées dans ces zones contestées demandent à nouveau réparation après les récentes opérations de déguerpissement engagées par les autorités.
Depuis les années 1980, de nombreux terrains dans la capitale Libreville et ses environs ont été déclarés d’utilité publique pour permettre la réalisation de projets d’intérêt national : infrastructures routières, équipements scolaires, hôpitaux, espaces verts. Mais malgré les multiples rappels à l’ordre et les opérations d’expulsion menées au fil des années, certaines populations continuent de s’y installer, souvent avec la complicité tacite de certaines autorités locales ou en l’absence d’une politique rigoureuse de suivi foncier.
« Ce n’est pas la première fois que l’État procède à des indemnisations dans ces zones, pourtant classées et protégées depuis des décennies », déplore un haut fonctionnaire du ministère de l’Habitat. « Cela envoie un mauvais signal : celui que l’occupation illégale finit toujours par payer. »Les défenseurs des occupants, pour leur part, dénoncent un manque de solutions de relogement et des expulsions parfois menées sans préavis. « Beaucoup de ces familles vivent là depuis plus de 20 ans. Elles ont construit avec leurs propres moyens. On ne peut pas les chasser sans rien », explique un membre de la société civile.Mais l’État doit-il continuer à débourser des sommes importantes pour indemniser des citoyens qui réitèrent leurs occupations illégales, malgré les avertissements ?
Cette question devient d’autant plus pressante dans un contexte budgétaire contraint et face aux besoins en logements sociaux légaux, encore largement insatisfaits.Une réforme du régime foncier est en cours, visant à numériser les titres, sécuriser les zones publiques et établir des sanctions dissuasives contre la récidive. Reste à savoir si elle suffira à mettre fin à une pratique désormais bien ancrée.
La Rédaction
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