Alors que le différend frontalier entre le Gabon et la Guinée équatoriale prend de l’ampleur sur le plan diplomatique, une faiblesse du dossier gabonais refait surface : le manque ou la négligence des archives nationales, un facteur qui a sérieusement entravé la position du pays devant les instances internationales.
Depuis plusieurs années, les deux nations se disputent la souveraineté de l’île Mbanié et d’autres îlots stratégiques dans la baie de Corisco. Ce litige, porté devant la Cour internationale de justice (CIJ), nécessite des preuves historiques, juridiques et cartographiques solides – des documents dont le Gabon peine à fournir une version complète et certifiée.
Un vide documentaire préoccupant :
D’après divers experts en géopolitique et en droit international, le Gabon souffre d’une lacune évidente en matière de conservation des archives officielles. « Le problème est structurel », souligne un archiviste gabonais sous couvert d’anonymat. « Depuis l’indépendance, les documents relatifs aux frontières, aux traités coloniaux et aux décisions administratives n’ont pas été correctement centralisés ni numérisés. De nombreux documents ont été égarés, détruits ou simplement oubliés. »Ce manque de rigueur dans la gestion des archives compromet aujourd’hui la capacité du Gabon à produire des éléments historiques irréfutables face aux revendications équato-guinéennes, qui s’appuient notamment sur des documents issus des archives espagnoles.
Des conséquences diplomatiques et stratégiques :
Pour le Gabon, l’absence de pièces d’archives authentifiées réduit non seulement son influence devant la CIJ, mais affecte également sa crédibilité diplomatique. « Un État incapable de prouver l’étendue de son territoire sur des bases factuelles solides se retrouve en position de faiblesse », avertit un juriste international basé à Paris.De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer une refonte complète du système archivistique national.
Des propositions incluent la création d’un centre national d’archives moderne, la numérisation urgente des documents existants, ainsi que des partenariats avec des pays possédant des archives coloniales sur le Gabon.Au-delà du dossier frontalier, cette situation révèle une urgence plus large : la nécessité de préserver la mémoire collective du pays. Sans archives solides, c’est aussi l’histoire nationale qui devient floue, vulnérable à la réécriture ou à l’effacement.Le gouvernement gabonais, désormais sous pression, est appelé à agir rapidement pour combler ce vide documentaire, faute de quoi d’autres différends – actuels ou futurs – pourraient également tourner à son désavantage.
La Rédaction
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