L’image d’un pape blanc, européen, âgé, reste l’un des symboles les plus constants de l’Église catholique. Pourtant, cette Église se veut universelle. Dans un monde où les fidèles africains et sud-américains représentent aujourd’hui la majorité des catholiques pratiquants, la question se pose : pourquoi l’Église n’a-t-elle encore jamais élu de Pape noir ? Discrimination, conservatisme ou simple inertie institutionnelle ?
Une Église blanche dans un monde métissé:
Selon les chiffres du Vatican, plus de 60 % des catholiques vivent aujourd’hui dans l’hémisphère sud. L’Afrique est le continent où le nombre de baptêmes catholiques croît le plus rapidement. Pourtant, le Collège des cardinaux — seul habilité à élire le Pape — reste dominé par des Européens et des Nord-Américains.«Il ne s’agit pas seulement de représentativité géographique», explique le sociologue des religions Jean-Paul Wamba, «mais d’une structure de pouvoir ancrée dans l’histoire coloniale de l’Église. Le centre de décision reste européen, malgré une périphérie de plus en plus active et croyante».
Des candidats noirs, mais jamais élus:
Plusieurs cardinaux africains de peau noire ont été mentionnés comme papabili, c’est-à-dire éligibles au trône pontifical, notamment le cardinal nigérian Francis Arinze, très respecté au Vatican, ou encore le cardinal congolais Laurent Monsengwo, aujourd’hui décédé. Mais aucun n’a été élu.«On préfère souvent des profils modérés, qui n’effraient pas les cardinaux les plus conservateurs», témoigne un prêtre italien sous anonymat. «Un Pape noir, même compétent, suscite encore des résistances invisibles, parfois raciales, souvent politiques», ajoute-t-il.
Entre foi, politique et modernité:
Le Vatican se retrouve donc à la croisée des chemins : pris entre la nécessité de moderniser son image et son attachement à des traditions pluriséculaires. L’élection d’un Pape noir représenterait une rupture forte, dans la pleine communion de l’Église.«Ce n’est pas une question de quotas», conclut Jean-Paul Wamba, «mais de cohérence. L’Église se veut universelle : qu’elle le montre dans ses choix». En attendant ce jour,les fidèles noirs continuent de croire, parfois dans le silence, parfois dans la douleur, mais toujours avec l’espoir qu’un jour,Rome parlera vraiment pour tous.
La Rédaction
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