Le danger ne vient pas toujours de l’inconnu. Au Gabon, il se tapit souvent dans l’assiette, bien au-delà de ce que l’œil peut percevoir. Les espaces de distribution et de vente de produits alimentaires, des marchés animés aux petites épiceries de quartier, sont en train de devenir, selon les autorités, de véritables tueurs silencieux. Une situation d’autant plus alarmante que les descentes régulières de l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire (AGASA) révèlent une dégradation sanitaire constante et préoccupante.

Des Indices Alarmants Révélés par l’AGASA:
À chaque mission de contrôle, l’AGASA dresse un tableau sombre des conditions dans lesquelles les denrées sont manipulées et stockées. Les indices recueillis sur le terrain sont, pour reprendre les termes d’un de ses responsables, « alarmants ».Les problèmes sont multiples et s’étendent sur toute la chaîne de valeur :
Non-respect de la chaîne du froid : Viandes, poissons et produits laitiers sont souvent exposés à des températures inappropriées, favorisant la prolifération bactérienne. Les coupures d’électricité ou l’utilisation de groupes électrogènes défaillants dans les marchés et les points de vente ne font qu’aggraver cette situation.

Insuffisance d’hygiène générale :
La salubrité des locaux est un enjeu majeur. On observe des surfaces de travail souillées, des outils mal entretenus et, dans certains cas extrêmes, une proximité immédiate entre les produits comestibles et des sources de contamination (déchets, égouts, rongeurs).
Produits périmés ou avariés : Malgré les efforts de sensibilisation, une quantité non négligeable de produits, importés ou locaux, est mise en vente après leur date limite de consommation. Les prix cassés et l’ignorance des consommateurs constituent des failles exploitées par des vendeurs peu scrupuleux.
Les Conséquences : Une Menace pour la Santé Publique
Ce manque de rigueur a un impact direct et dévastateur sur la santé publique. Les intoxications alimentaires ne sont plus des cas isolés ; elles constituent un fardeau important pour les structures sanitaires.Les consommateurs s’exposent quotidiennement à des maladies d’origine hydrique et alimentaire, allant des simples gastro-entérites aux affections plus graves comme le choléra, les salmonelloses ou d’autres infections bactériennes sévères.
« Ce que nous confisquons et détruisons chaque semaine témoigne d’une négligence criminelle. Il ne s’agit pas uniquement de pertes économiques pour les vendeurs, mais de vies humaines mises en danger par la négligence et le manque de professionnalisme, » a déclaré sous le couvert de l’anonymat un inspecteur de l’AGASA.Le Gabon ne peut se permettre de laisser cette menace sanitaire saper les efforts de développement. L’alimentation, pilier de la santé et de la sécurité nationale, exige une vigilance de tous les instants. Les « tueurs silencieux » des marchés et des boutiques doivent être désarmés par une action concertée et rigoureuse des autorités et des citoyens.
POUBA


Commentaires