Une initiative inédite et clivante a vu le jour au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Libreville : l’introduction de toilettes payantes pour les usagers. Pour 100 francs CFA pour les petits besoins et 200 francs CFA pour les plus importants, les patients et visiteurs ont désormais accès à des installations d’une propreté irréprochable et bien entretenue.Cette décision, rapportée initialement par des sources comme Gabonactu et mise en lumière par Africa Cœur News, a immédiatement enflammé le débat public sur les réseaux sociaux et au-delà.
Si la propreté des lieux est unanimement saluée, la question de la légitimité de faire payer un service, aussi essentiel, au sein d’une structure hospitalière publique, divise profondément l’opinion.Les partisans de cette mesure mettent en avant l’argument de l’hygiène. De nombreux établissements publics au Gabon, y compris des hôpitaux, souffrent d’un manque criant de maintenance et de propreté des sanitaires, souvent laissés à l’abandon ou dans un état insalubre. »Auparavant, c’était un désastre. Maintenant, c’est très propre. Le personnel s’occupe de l’entretien. Les 100 francs permettent de payer le personnel et les produits. C’est le prix à payer pour la dignité et la santé, » témoigne un usager régulier.
Pour les défenseurs, le coût prélevé permet de garantir la pérennité de la propreté, en assurant un financement direct pour l’achat de consommables (savon, papier, désinfectants) et la rémunération des agents d’entretien. L’argument est simple : la gratuité mène à la dégradation, le paiement assure la qualité.Cependant, l’introduction de cette tarification dans un hôpital public – censé garantir un accès aux soins et aux services de base pour tous, y compris les plus démunis – soulève de sérieuses questions éthiques et sociales.
Les détracteurs estiment qu’un service essentiel comme l’accès aux toilettes ne devrait pas être monnayé, surtout dans un lieu dédié à la santé. Ils soulignent que cette mesure peut devenir une charge supplémentaire pour les familles les plus pauvres, obligées de se rendre fréquemment à l’hôpital ou d’y rester pour accompagner un malade. »Un hôpital est un service public ! Faire payer pour aller aux toilettes, c’est pénaliser les plus vulnérables. C’est un coût de plus dans la maladie, » s’insurge une infirmière sous couvert d’anonymat.Pour certains, c’est le rôle de l’administration hospitalière et de l’État d’allouer les budgets nécessaires pour garantir la propreté, sans faire peser le fardeau sur l’usager.
Alors que les toilettes payantes au CHU de Libreville offrent une solution concrète à un problème d’hygiène persistant, elles mettent en lumière le dilemme entre la qualité des services et l’accessibilité dans le secteur public gabonais. L’expérience du CHU sera-t-elle un modèle à suivre pour d’autres administrations et institutions publiques ? Ou s’agit-il d’un signal d’alarme sur le désengagement progressif de l’État dans le financement des services de base ?


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