Malgré les vagues de recrutements d’enseignants annoncées par le gouvernement, la rentrée scolaire est toujours marquée par un déficit criant de professeurs dans plusieurs établissements, aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays. Cette pénurie a récemment mené à des mouvements d’humeur et soulève des questions sur l’efficacité des stratégies de répartition du personnel.
Grève au Lycée Technique de Bikélé:
Ce jour, les élèves du Lycée Technique de Bikélé (périphérie de Libreville) ont manifesté leur mécontentement face au manque de professeurs dans plusieurs matières. Ce mouvement est la conséquence directe des heures de cours perdues et de l’incertitude quant à la validation de leur année scolaire. Les pancartes et les rassemblements des élèves illustrent une frustration grandissante qui n’est pas isolée.La situation est tout aussi préoccupante, voire plus, dans les provinces. Récemment, le proviseur du lycée public de Mitzic (province du Woleu-Ntem) a publiquement tiré la sonnette d’alarme. Il a dénoncé l’absence de professeurs dans des disciplines fondamentales, mettant en péril l’éducation de centaines d’élèves. Cette pénurie est souvent exacerbée par le manque d’attractivité des zones rurales, rendant difficile la rétention des enseignants nouvellement recrutés. Même son de cloche dans les communautés rurales où dans les villages les enseignants sont aux abonnés absents.
Les raisons derrière la persistance du déficit:
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette contradiction entre les recrutements massifs et la réalité du terrain :
Répartition inefficace des affectations : Les nouveaux enseignants, y compris ceux recrutés sur concours, sont souvent affectés en grand nombre à Libreville et Port-Gentil, ou dans des villes côtières, au détriment de l’intérieur du pays. Le manque d’incitations (primes de zone, logement, etc.) décourage les affectations dans les zones rurales enclavées.
Départs à la retraite non remplacés : Un grand nombre d’enseignants expérimentés partent à la retraite sans que leur remplacement ne soit immédiatement assuré et pourvu, créant un vide dans certaines disciplines spécifiques.
Disparités disciplinaires : Le déficit est souvent concentré dans des matières techniques, scientifiques (mathématiques, physique, chimie) ou linguistiques (anglais, espagnol), pour lesquelles les filières de formation sont moins pourvoyeuses de diplômés.
Problèmes administratifs et financiers : Des retards dans l’intégration effective, la prise de service, ou le paiement des salaires des nouveaux recrutés peuvent aussi freiner leur déploiement rapide sur le terrain.
Que faire pour une solution durable ?
La résolution de cette crise structurelle passe par une politique d’affectation plus coercitive et incitative ciblant prioritairement les zones de grand déficit. La mise en place de logements décents, de primes substantielles pour les enseignants en poste à l’intérieur, et un suivi plus rigoureux des postes vacants et pourvus sont des mesures urgentes pour garantir un accès équitable à l’éducation pour tous les élèves gabonais.
POUBA


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