À l’approche du second tour des élections législatives du 11 octobre, la campagne dans la circonscription de Lambaréné a été marquée par une vive controverse. Lors d’un meeting de soutien à la candidature de son époux, Paul Marie Gondjout, l’ancienne ministre Chantal Myboto épouse Gondjout a tenu des propos jugés déplacés, notamment en évoquant la mémoire de feue Rose Francine Rogombé, l’ancienne présidente de la République par intérim.
Voulant dresser un bilan pour son mari, Chantal Myboto a d’abord mis l’accent sur son long parcours d’opposant : « Je voudrais tout simplement dire que le bilan de Paul Marie Gondjout le voilà : il est rentré dans l’opposition très jeune. Depuis les années 2000 jusqu’en 2023, il était opposant. »Un hommage national réduit à un argument de meeting:Cependant, c’est l’utilisation du souvenir de Rose Francine Rogombé qui a suscité l’émoi et la réprobation.
Tentant de justifier l’impact politique de Paul Marie Gondjout, elle a déclaré :« Le président Bongo avait promis à Rose Francine Rogombé d’être présidente du Sénat. Mais pour qu’elle le devienne, il fallait qu’elle soit sénateur. Or, ce n’était pas le cas. Et c’est grâce aux voix de l’UGDD et de Paul Marie Gondjout qu’elle est devenue sénateur et présidente du Sénat. » Elle a conclu que l’absence de Gondjout aurait empêché Mme Rogombé d’accéder à la présidence du Sénat.Ces propos sont perçus par de nombreux observateurs, notamment à Lambaréné, comme une instrumentalisation superficielle de la mémoire d’une figure nationale.
Rose Francine Rogombé, première femme à assurer l’intérim de la présidence du Gabon, a marqué l’histoire par son sens du devoir et son respect rigoureux des institutions. Un hommage national lui a d’ailleurs été rendu récemment par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema.Manque de retenue et confusion des rôles:Réduire l’héritage d’une telle personnalité à un simple argument électoral est considéré comme un manque de retenue et un mépris pour les symboles républicains, d’autant plus que le respect des défunts est une valeur fondamentale dans la culture bantoue.
Au-delà de l’incident, cette intervention passionnée soulève des questions sur la stratégie de campagne du candidat lui-même. Si Chantal Myboto a tenté de justifier l’absence de son époux par son « élégance morale » qui l’empêcherait de répondre aux « injures », cette confusion des rôles est interprétée par certains acteurs politiques comme le signe d’un désarroi ou d’une incapacité du candidat à convaincre par des propositions concrètes et à défendre sa propre candidature.L’excès de langage, même mû par la passion, se révèle ici une faiblesse. La période de refondation que traverse le Gabon, impulsée par les autorités de la République, exige que la politique soit une école de respect et de probité. La mémoire de Rose Francine Rogombé, symbole d’unité et de dignité, ne saurait être prise en otage ou profanée à des fins électoralistes. Elle doit demeurer une source d’inspiration pour la République.
La Rédaction


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