La récente réforme du système éducatif gabonais, qui vise à uniformiser les coefficients de toutes les matières à 1 au premier cycle, suscite un débat passionné parmi les enseignants, les parents et les élèves. Si l’objectif d’établir une « école équitablement équitable » est largement salué, la question de l’alignement des heures de cours hebdomadaires sur cette nouvelle donne se pose avec acuité.
L’idée fondamentale derrière cette réforme est de mettre toutes les disciplines sur un pied d’égalité, rompant avec l’ancien modèle qui accordait une importance disproportionnée aux mathématiques et au français. Pour de nombreux enseignants, c’est une avancée majeure. Un professeur d’histoire-géographie, qui souhaite rester anonyme, explique : « Pour nous, c’est une reconnaissance. Avant, ma matière était considérée comme secondaire. Maintenant, elle a le même poids que les autres, ce qui, je l’espère, motivera davantage les élèves. »Cependant, l’harmonisation des coefficients soulève une question pratique et cruciale : celle de la charge de travail et du temps d’enseignement alloué à chaque matière. En effet, malgré le coefficient unique, les emplois du temps scolaires actuels continuent de prévoir des durées de cours très différentes. Un enseignant de mathématiques peut avoir 6 heures de cours par semaine, tandis qu’un professeur d’éducation physique et sportive (EPS) en a seulement 3, pour une seule classe. Si un coefficient de 1 est censé refléter une charge de travail égale, la disparité des heures de cours semble contredire cet objectif.
Pour de nombreux enseignants, la logique est simple : si toutes les matières ont le même coefficient, elles devraient logiquement avoir le même nombre d’heures de cours. Cette uniformisation des coefficients devrait s’accompagner d’une uniformisation du temps d’enseignement. Une professeure de français propose : « Si l’on applique la logique jusqu’au bout, le coefficient 1 devrait se traduire par un volume horaire de 2 heures par semaine pour toutes les matières au premier cycle. Cela permettrait une véritable équité dans l’apprentissage et la valorisation de chaque discipline. »Cette proposition, bien que radicale, met en lumière le besoin d’une cohérence totale dans la réforme. Une telle mesure exigerait une révision complète des programmes et des emplois du temps. Les autorités éducatives devront trouver un équilibre entre la volonté d’équité et les exigences pédagogiques propres à chaque matière.
Le défi est de taille : comment enseigner les bases des mathématiques en seulement 2 heures par semaine sans sacrifier la qualité de l’apprentissage ?La réforme de l’uniformisation des coefficients est un pas audacieux vers une école plus juste et plus équitable. Mais pour que cette vision devienne une réalité, la conversation doit se poursuivre. Les enseignants, les parents et les décideurs doivent s’unir pour trouver une solution qui non seulement harmonise les coefficients, mais aussi la charge de travail et le temps d’enseignement, garantissant ainsi le succès de tous les élèves.
La Rédaction


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