L’accès à l’eau potable et à l’électricité, une préoccupation majeure pour les Gabonais, reste un défi persistant malgré les promesses de la nouvelle administration. Dans un rare moment de franchise, le ministre de l’Accès universel à l’eau et à l’énergie, Philippe Tonangoye, a publiquement reconnu la médiocrité des services. Mais pour de nombreux observateurs, les paroles ne suffisent pas. Il faut assumer et avoir le cran de démissionner.
Lors d’une émission spéciale diffusée sur Gabon 1ère le 13 août, marquant les 100 jours du gouvernement de la Cinquième République, le ministre Tonangoye a fait une déclaration choc. « Je ne suis pas satisfait. Les Gabonais ne sont pas satisfaits. D’ailleurs, je présente les excuses du ministère dont j’ai la charge pour la médiocrité de service qui doit s’améliorer, » a-t-il déclaré. Mais face au manque de résultats tangibles qu’il doit assumer ainsi la responsabilité des échecs de son département, certains estiment qu’il devrait également démissionner.Cette sortie médiatique intervient dans un contexte de frustration croissante. Dans de nombreuses villes, y compris la capitale Libreville, les coupures d’eau et d’électricité sont devenues une routine.
Les populations sont confrontées à des difficultés quotidiennes, allant de l’impossibilité de cuisiner ou de se laver à la fermeture des petits commerces et des services de proximité. Les manifestations spontanées, bien que rares, témoignent de l’exaspération populaire face à une situation qui ne s’améliore pas.Si la démission d’un ministre pour inefficacité est un fait rare au Gabon, la déclaration de Philippe Tonangoye soulève des questions sur la gouvernance et la capacité du ministère de l’eau et l’énergie à résoudre des problèmes de fond. En reconnaissant ouvertement l’échec, le ministre s’écarte de la rhétorique habituelle de ses prédécesseurs, qui ont souvent invoqué des raisons techniques ou financières pour justifier les pannes.
Cette transparence, bien qu’appréciée par certains, est perçue par d’autres comme un aveu d’impuissance.Le ministre a mentionné que des efforts sont en cours pour restructurer la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) et mobiliser des financements pour la construction de nouvelles infrastructures. Il a notamment évoqué la nécessité d’investir dans les barrages hydroélectriques et les stations de traitement d’eau pour répondre à la demande croissante. Cependant, le scepticisme demeure quant à la rapidité avec laquelle ces projets pourront être mis en œuvre et leurs effets sur le terrain.En attendant, les Gabonais restent dans l’expectative, espérant que la prise de conscience du ministre se traduira par des actions concrètes. La question qui se pose maintenant est de savoir si Philippe Tonangoye aura le temps de redresser la barre ou s’il finira réellement par « rendre le tablier », marquant ainsi un tournant dans la gestion des services publics au Gabon.
La Rédaction


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